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Le Jimmy'z est un décor pour le prologue de RéValité
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Le début de RéValité : Prologue 2ème partie

Voici la suite du prologue de RéValité. Il est en trois parties, si vous ne l’avez pas encore lu, commencez par la première partie du prologue.

G41-J/1

Une jeune femme était assise au bar du Jimmy’z à Monte-Carlo. Tout en sirotant un jus de raisin blanc qu’elle pouvait faire passer pour un vin doux dans la lumière tamisée, elle scrutait la salle à la recherche de sa proie dans le miroir qui lui faisait face.

Elle acceptait de temps en temps un verre d’inconnus et faisait la conversation quelques minutes. Elle profitait de cette diversion pour observer directement les différentes tables et les allées et venues vers le reste du club ; puis signifiait aux pauvres bougres qu’ils feraient mieux de se remettre en chasse s’ils ne voulaient pas rentrer bredouilles.

Elle ne se sentait même pas flattée de l’attention, elle était apprêtée pour appâter. La fente de sa robe mordorée dévoilait la jambe juste assez pour qu’on essaye d’y découvrir un porte-jarretelles. Le drapé plongeant dans son dos avouait l’absence de soutien-gorge et était suffisamment décolleté pour caresser la cambrure de ses reins, guidant le regard du coquelicot tatoué sur sa nuque vers son postérieur parfaitement gainé. Chaque mèche marron glacé de son carré asymétrique avait été travaillée pour un effet décontracté et naturel. Il lui donnait un côté plus accessible que ses voisines, tout en mettant à nu son cou comme une invitation à plus d’intimité. Sa bouche pulpeuse relevée d’un simple gloss, promesse muette de gourmandise et de sensualité, suscitait l’envie sans aguicher.
Son maquillage charbonneux et ses longs cils rendaient son regard hypnotique. Une fois qu’on avait accroché ses yeux noisette parsemés de pépites d’or et de poudre d’émeraude, il était impossible de s’en détourner. Elle ne portait aucun bijou, aucun signe extérieur de richesse et pourtant elle respirait l’élégance… avec une pointe de mystère.

La clientèle du bar transpirait la luxure. Contrairement à elle, la plupart des femmes étaient court vêtues, en parfaite adéquation avec les critères de recherche des clients masculins en quête de chair fraîche. Ces messieurs tentaient de les amadouer en dépensant sans compter ; étalant leur fortune sous leurs yeux et le nez dans leur décolleté… ou l’inverse. Sexe et argent étaient les deux grandes puissances qui régnaient en ce lieu.

Showtime

Vanité, désir, jalousie, envie, excitation, solitude

Quand il arriva, l’intensité de la chaleur qui envahit son bas-ventre laissa Grâce pantoise. Elle ne savait pas si c’était la perspective du jeu de la séduction ou du désir physique brut ; mais elle canalisa cette vague d’excitation dans le regard qu’elle lui lança et ne le quitta plus des yeux. Il n’était pas seul. Comme prévu, il était avec un homme plus âgé très élégamment vêtu qui fut bientôt rejoint par un troisième larron, M. Nickolaus. Ils commandèrent une bouteille au prix exorbitant aux vues des mines intéressées des femelles alentour et s’installèrent à une table dans la Boom Boom Room. Elle n’avait pas accès à cette partie VIP, mais son plan tenait compte de cet inconvénient mineur. Alors que les deux quinquagénaires s’affalaient au fond de la banquette, il s’assit sur l’accoudoir de trois quarts par rapport à ses compagnons et prit un air faussement détendu.

Grâce concentrait toute son attention sur sa cible et suivait le moindre de ses mouvements. De taille légèrement supérieure à la moyenne. Brun ténébreux aux yeux sombres. Les cheveux courts et bien coiffés. Un bronzage parfait. Une musculature à se damner moulée dans un jean de grande marque et un t-shirt col V prêt du corps. Il était évident qu’il prenait soin de sa personne et de son apparence. Il surveillait méthodiquement la salle et ses occupants, et chaque fois qu’elle entrait dans son champ de vision, elle plongeait effrontément son regard dans le sien.

La bouteille de ces messieurs fut servie avec une paire de filles passablement dénudées qui s’assirent de part et d’autre des deux hommes grisonnants en prenant des poses affriolantes. Le champagne commença à couler et les femmes à glousser et roucouler sous les mains baladeuses des deux types.

Cette fois quand leurs regards se croisèrent, il s’attarda et elle lui sourit en levant son verre. Il la toisa en réponse, mais resta autrement impassible puis repris son balayage. Sans le quitter des yeux, elle rejoignit la piste de danse où elle se mit à onduler langoureusement au rythme de la musique. Elle repoussa nonchalamment les mains qui essayaient de se poser sur ses hanches tout en le fixant. Chaque fois qu’il scrutait la salle dans sa direction, il s’attardait davantage. Quand elle le libéra enfin de l’emprise de son regard pour aller se désaltérer au bar, elle ne dut pas attendre longtemps pour qu’il apparaisse à ses côtés sous prétexte de commander une autre bouteille. Pourtant, l’espace décoré de l’emblématique crâne géant disposait d’un comptoir dédié et d’un service personnalisé. Elle lui fit face et lui sourit.

Attraction

Sans sourire en retour, mais en la dévorant des yeux, il lui proposa  :
— Voulez-vous vous joindre à nous pour partager cette bouteille  ? 
C’était direct. Le poisson était ferré, mais elle devait encore le ramener dans ses filets. Elle entendait bien l’avoir pour elle seule.
— Non merci, vous avez un peu trop de gallinacés à votre table. 

Amusement

Toujours en la regardant droit dans les yeux, il lui confia  :
—  La basse-cour ce n’est pas mon truc. 
Elle se pencha pour lui murmurer à l’oreille  :
—  Eh bien, venez jouer dans la cour des grands. 

Convoitise

Puis, toujours souriante, elle retourna sur la piste de danse.
Une fois qu’il eut repris sa place sur l’accoudoir de la banquette, il ne semblait plus pouvoir se détourner d’elle plus de dix secondes. Quand la musique s’accéléra et qu’un type un peu ivre commença à entraîner Grâce dans un duo suggestif, ses yeux ne dévièrent plus. Elle verrouilla son regard dans le sien tout en suivant son cavalier des hanches. Elle s’amusait du trouble grandissant de sa proie, elle avait parié sur son côté mâle alpha et, de toute évidence, avait mis dans le mille.

Frustration

Elle avait presque oublié le pantin qui lui servait d’accessoire de séduction. Quelques secondes avant la fin de la chanson, elle sentit qu’il était trop saoul pour contrôler ses pulsions, et qu’elle allait avoir du mal à s’en débarrasser en douceur. Elle tenta tout de même le coup, le remercia pour la danse et commençait à s’éloigner quand il la rattrapa par le poignet pour la forcer à revenir dans ses bras :

Humiliation

—  Où tu crois aller comme ça ? Si t’es pressée, on peut se trouver un coin discret.
Il essayait déjà de l’attirer vers les couloirs sombres qui menaient aux toilettes.
Elle soupira pour rester calme et le regard dur le prévint  :
—  Désolée, je ne suis pas intéressée. Maintenant, lâchez-moi avant que ça ne finisse mal. 

Outrage

Il était furieux. Jamais il n’entendrait raison. Son désir s’était mué en rage, elle sut exactement quand il atteignit le point de non-retour et allait passer à l’acte.

Elle réagit immédiatement ; écarta les doigts et effectua une rotation du poignet, se libérant de la prise de son agresseur. Simultanément, elle se déplaça en spirale de la gauche vers la droite pour sortir de la ligne d’attaque. Dans la continuité de son mouvement, elle le força à plier le coude en appliquant une pression sur le point névralgique entre l’annulaire et l’auriculaire avec le pouce de sa main droite ; créa une torsion du poignet en poussant des deux mains celle de son adversaire vers son avant-bras ; et prolongea son pivot vers le bas pour le déséquilibrer vers l’arrière. Elle n’eut pas le temps de lui saisir le coude pour finir son immobilisation, car c’est à ce moment qu’un poing vint s’écraser sur le nez de l’importun.

Elle lâcha prise, surprise par sa propre réaction. Qu’est-ce qu’elle venait de faire ? Elle se ressaisit rapidement à la vue du propriétaire du poing qui l’avait interrompue.

Contrôle

Il lui présenta son bras avec flegme et l’accompagna au vestiaire sans que ni l’un ni l’autre prête attention au pauvre bougre qu’ils avaient laissé à genou, le nez brisé. Elle essayait de faire preuve d’autant d’assurance, mais même si elle arrivait à faire bonne figure le maelstrom d’émotion qui la submergeait était sur le point de lui faire perdre pied.

Mépris

En passant près d’un couple de gorilles en costumes noirs, il fit un signe de tête vers les deux hommes restés sur la banquette, chacun une fille sur les genoux. Une des deux armoires à glace s’empressa de les rejoindre. Il se fondait moins dans le décor, mais la sécurité serait assurée durant l’absence de Mister sang-froid.

Elle récupéra son étole et sa pochette à laquelle elle s’agrippa pour masquer le tremblement de ses mains. Elle respira profondément pour se redonner une contenance, puis le suivit dans le calme relatif du lagon japonais. Ayant retrouvé un peu d’aplomb, elle saisit l’opportunité et parla la première  :
—  Jouer au chevalier servant ne va pas suffire à faire tomber ma petite culotte !
Enfin un soupçon de sourire sur son visage imperturbable  :
—  Tant mieux, ça aurait été trop facile. Blaise.
Enchaîna-t-il.
—  Grâce, enchantée 
—  Puis-je vous raccompagner ? Une limousine est à ma disposition.
—  Je pense que je vais appeler mon propre chauffeur, j’ai eu suffisamment d’émotion pour ce soir. Mais si vous me prêtez votre portable, je pourrais en profiter pour y enregistrer mes coordonnées.

Bien sûr, il tomba dans le panneau. Elle saisit son numéro, faux naturellement, puis activa le suivi GPS du téléphone de Blaise. Quand elle lui rendit son mobile, il insista pour la raccompagner jusqu’au véhicule et essaya de faire plus ample connaissance :

Curiosité

—  Vous pratiquez depuis longtemps  ?
Devant son air perdu, il précisa  :
—  Cette prise, c’était de l’aïkido non  ?
Elle ne pouvait pas lui répondre. Non pas parce qu’elle ne voulait pas partager cette information, mais parce qu’elle ne savait pas. Elle avait beau chercher à comprendre, elle n’arrivait pas à se rappeler ni où ni quand elle avait appris une telle technique. Ça avait été purement instinctif. Elle opta pour la vérité  :
—  C’était un réflexe, un coup de chance sous le coup de l’adrénaline.

Étonnement

—  Vous n’avez jamais fait d’aïkido ou de self-défense ? C’était pourtant un Kote-Gaeshi parfaitement exécuté. 
Il était vraiment dubitatif.
—  Non, juste un coup de chance que je serais bien en peine de reproduire.

Suspicion

Elle sentait qu’il était sceptique. Elle-même n’y croyait pas, même si elle ne voyait pas d’autres explications. Elle prit son air le plus fragile et innocent pour lui sourire. Elle allait l’embrasser pour le divertir et l’empêcher de poser plus de questions quand la limousine arriva.
—  Merci, Blaise, pour votre galanterie. Bonne nuit et à très bientôt, j’espère.

Dès qu’elle fût dans la voiture, la tension sexuelle diminua de moitié pour finir par s’éteindre complètement en quelques secondes. Alors que ses yeux se fermaient, elle soupira de satisfaction, sa mission était un succès. Elle ne savait pas comment elle pouvait en être sûre, mais Blaise n’appréciait ni son travail ni son boss, c’était le maillon faible qu’elle cherchait et elle l’avait ferré.

Rideau


La dernière partie est disponible 🙂

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